En 2016, les ventes mondiales de champagne ont atteint 4,71 milliards d’euros, à peine en dessous du record des 4,74 milliards d’euros de 2015, selon les données du Comité Champagne. Toutefois, si on regarde ces chiffres de plus près, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir du champagne. Le transport mondial du champagne a chuté de 2,1 % en 2016, constituant la baisse de performance d’une année sur l’autre la plus importante depuis 2012.
Le RU représente le principal marché d’exportation en volume, loin devant les É.-U. en deuxième place. Néanmois, le volume des ventes au RU a chuté ; cette baisse risque de s’accentuer encore plus avec l’envolée du Prosecco ainsi que le Brexit qui a frappé de plein fouet l’industrie française du champagne. L’affaiblissement de la livre sterling a rendu les importations de champagne bien plus coûteuses sur un marché très attaché aux prix alors qu’un ralentissement de l’économie britannique affectait déjà les dépenses des consommateurs.
Un marché menacé par le Prosecco
Tandis que la France et le RU qui sont les deux marchés principaux du champagne reculent, les producteurs comptent sur les marchés émergents pour compenser. Les résultats de 2016 montrent que le champagne rencontre un certain succès sur des nouveaux marchés tels que le Mexique, la Russie et le Canada qui sont en expansion. Les É.-U continuent également d’afficher de bons résultats des ventes, soutenues par un dollar fort. En effet, grâce aux Millennials et à leur attrait pour tous les types de vins pétillants, les États-Unis émergent comme le principal marché d’exportation. Les données du groupe Mintel montrent qu’aux É.-U, les Millennials sont deux fois plus nombreux que la génération X à avoir acheté aussi bien du champagne que d’autres vins pétillants tel que le Prosecco.
Bien que le champagne, de par son prix élevé, garde sa place au niveau des ventes pour les grandes occasions, l’existence d’autres vins pétillants, plus abordables, présentent un obstacle à la croissance du champagne. À un prix plus abordable, les vins pétillants sont consommés plus régulièrement au cours de l’année. Le Prosecco, au goût plus fruité et contenant moins d’alcool que la plupart des champagnes, a l’avantage d’être meilleur marché, bien qu’il reste un luxe quotidien, ce qui lui assure son succès auprès des Millennials.
Les cocktails à base de Prosecco aident considérablement à la croissance de celui-ci. Les données du groupe Mintel montrent que les européens de 18 à 34 ans sont plus susceptibles que d’autres d’inclure du vin dans leurs cocktails. Le champagne a encore beaucoup à faire pour prendre sa place sur la scène en essor des cocktails dont les Millennials sont porteurs.
Le champagne doit rester vigilent
Pour certains acteurs de l’industrie du champagne l’essor du Prosecco serait un atout. En attirant davantage de consommateurs vers les vins pétillants, certains, avec l’âge et l’accès à un meilleur niveau de vie, se tourneraient naturellement vers le champagne. Toutefois, le danger existe que les buveurs de Prosecco maintiennent leur goût pour celui-ci et lui restent fidèles ou se tournent vers d’autres vins pétillants, aux dépends du champagne.
Jonny Forsyth is Mintel’s Global Drinks Analyst and is regularly called upon by both national and international media to provide commentary and analysis on market and consumer trends within the drinks sector. He brings ten years of experience working in the marketing industry, with roles at Starcom Mediavest, AB-Inbev, and Trinity Mirror.